IXIR III ou les limites de la construction en Dépron Présentation et caractéristiques générales. Le delta Pibrosde Marcel Guwang, l'aile IXIR numéro 1 d'Alexis Maréchal et sa variante IXIR II que j'ai imaginée (tous décrits dans Modèle Mag) sont les parents et grands-parents de l'IXIR III qui, malgré son envergure de 1800 mm garde les principaux traits de la famille : construction en Dépron et profil plan convexe rendu autostable par les flapperons qui occupent toute la largeur du bord de fuite. Le cahier des charges de l'IXIR III est simple: les meilleures qualités de vol possibles avec une aile en Dépron qui soit démontable pour rentrer dans le coffre d'une berline standard. Si l'évolution du Pibros jusqu'à l'IXIR II paraît assez régulière et progressive (plus d'allongement et d'envergure), l'IXIR III marque une rupture plus nette : - l'envergure de 1800mm est incompatible avec le polystyrène extrudé utilisé seul. Un "châssis" fait dans une matière plus rigide devient nécessaire. J'ai opté pour une structure en tubes de carbone collés à la cyano après une première expérience malheureuse avec l'IXIR III "démonstrateur de validité de concept". Celui-ci n'avait pas de structure mais seulement une clé d'aile et des pions de calage noyés dans le Dépron et après quelques vols, et surtout quelques atterrissages, un flutter énorme dû au manque de rigidité d'une demi aile par rapport à l'autre se manifestait dès que la vitesse augmentait quelque peu ! Une véritable structure est vraiment indispensable. - le temps de construction devient nettement plus long et couper les tubes carbone demande quelques précautions. Il me semble indispensable d'avoir déjà construit une aile volante en Dépron avant de s'attaquer à l'IXIR III. - l'esprit de la machine s'éloigne complètement de l'aile de combat vite construite, vite cassée. Son domaine de prédilection est le vol de pente lorsque la portance est faible ou moyenne (mais elle vole encore très bien par 25 nœuds de vent ! ) et la chasse aux thermiques qui se déclenchent souvent quand les pentes sont chauffées par le soleil. Caractéristiques : Envergure : 1800mm Cordes : 300/100mm Surface hors flapperons : 36 dm² Masse 620 g Charge alaire : 17.2 g/dm2 Profil : plan convexe de +/- 9% d'épaisseur Centrage : 240mm de la pointe Débattements +/- 15mm au centre Calage flapperons : relevés de +/- 10mm au centre Servos standard Accus de 600 mAh La construction Les explications qui suivent s'adressent aux modélistes qui ont déjà construit un Pibros ou une aile IXIR. Commencer par découper les deux intrados dans la plaque de Dépron selon le schéma 1. A noter que les flapperons ne sont pas découpés dans l'aile mais rajoutés après la construction de l'aile proprement dite. L'étape suivante consiste à marquer l'emplacement du longeron qui part du bord d'attaque moins 100mm au centre et du bord d'attaque moins 33mm au saumon. Marquer également l'emplacement des deux poutres longitudinales qui sont en retrait de 9mm par rapport a l'axe de symétrie de l'aile. C'est plus clair sur les schémas 1 et 2 (cliquez sur les aperçus pour agrandir les schémas) ! Cliquez ici ! Cliquez ici ! Protéger les deux intrados par une feuille en plastique transparent (comme pour un plan), pour éviter qu'un excès de cyano n'attaque le Dépron. Ensuite il faut construire le châssis en tube carbone (voir le schéma 2 et les photos en annexe) de bas en haut dans l'ordre suivant : - les tubes de 5mm correspondant aux longerons et aux poutres longitudinales. - les fourreaux de clés d'aile - les tubes de 8mm pour les pions de calage - les écarteurs de 8mm - les tubes de 4mm qui sont placés au dessus des écarteurs - les clés d'aile et les pions de calage en tube de 6mm sont collés en dernier. Cliquez sur les zones encadrées de l'image suivante pour une photo de détail. Il me semble préférable de construire les deux demi châssis en même temps pour pouvoir placer "à blanc" les fourreaux de clés d'aile avec les clés en place avant de coller. La cyano ne laisse pas une deuxième chance ! Idem pour les fourreaux des pions de calage. Attention à ne pas respirer la poussière de carbone lors de la coupe des tubes. Cette opération est d'ailleurs la plus embêtante de toute la construction. Lorsque les châssis est terminé, il est collé à la colle Néoprène (spéciale polystyrène ! ) sur l'intrados. Le profil de l'aile et son épaisseur sont déterminés par un longeron constitué de couches dégressives de Dépron dans le même style que l'IXIR II : 6 épaisseurs de Dépron au centre de l'aile et 1 au saumon. Voir schéma 3. Ce longeron est placé de part et d'autre de la partie du châssis qui fait également office de longeron c'est à dire le tube de 5mm qui va du saumon à la poutre au centre. Cliquez ici ! J'ai constaté des différences d'épaisseur entre le Depron et des plaques d'autres marques telles que Cediplast.Il faut se débrouiller pour que l'épaisseur du profil soit de l'ordre de 9 ou au maximum 10%. Avec le Cédiplast il faut 7 épaisseurs au centre et la longeur des "marches" du longeron est de 158mm. Les éléments de la radio sont disposés comme sur la photo ci contre si vous utilisez des servos standard et un accu de 4 éléments de 600 mAh. Une évaluation du centrage (qui doit être à 240mm de la pointe) peut être faite avant de coller les servos et l'accu en place. A noter que les deux accus tribord sont placés plus loin du centre pour compenser le poids du récepteur qui est dans la demi aile babord. Cliquez ici ! Il faut prévoir une sorte de circuit électrique très simple pour l'accu (deux éléments coté babord et deux éléments coté tribord) et pour les liaisons accu vers récepteur et récepteur vers servo tribord. Voir photo. La prochaine étape consiste à découper les deux panneaux d'extrados aux dimensions des intrados en gardant de la marge pour tenir compte de la courbure du profil. Ensuite former le bord d'attaque selon la méthode Pibros ou IXIR, coller l'extrados sur le longeron en Dépron et fermer chaque demi aile avec du scotch. Cliquez ici ! Un certain vrillage est inévitable mais en général il se fait naturellement dans le bon sens c'est à dire que l'angle d'incidence au niveau des saumons est plus faible qu'au centre. A vérifier avant de fermer le bord de fuite de chaque demi aile. Il est impossible de parfaitement contrôler un profil fabriqué selon cette méthode mais l'essentiel est de limiter les différences entre une demi aile et l'autre. Le trim des flapperons surdimensionnés compense les différences faibles ( ou même un peu plus) entre un coté et l'autre. Les flapperons sont formés de deux épaisseurs de Dépron soit une épaisseur totale de 6mm. Leur largeur est de 60mm au centre et de 25mm au bord. Le reste est classique pour ce genre d'aile: articulation avec du scotch, guignols en cartes de crédit pliées à chaud.. Les winglets sont des trapèzes en Dépron de 3mm dont la forme n'est pas critique. Ils sont scotchés aux saumons. La finition peut être faite en recouvrant toute l'aile avec du scotch large transparent identique à celui utilisé pour former le bord d'attaque. Les bandes de scotch sont plus faciles à placer dans le sens de l'écoulement de l'air plutôt que dans le sens de l'envergure. Ceci protège assez bien contre les griffures de la végetation de nos pentes favorites. Ensuite, il est très facile de peindre à la bombe pour une déco sympa et colorée. Le vol La première bonne surprise est l'excellente stabilité de l'IXIR III sur l'axe de tangage ce qui fait qu'il n'est pas nécessaire de donner constamment des ordres à piquer ou à cabrer. Dès que l'aile prend de l'altitude et que l'on commence à moins bien visualiser son assiette c'est très agréable de pouvoir la laisser voler toute seule et de ne donner que des ordres doux à tribord ou à bâbord pour rester face à la pente ou pour faire de larges spirales. La moindre inclinaison se traduit immédiatement par une mise en virage plus ou moins serré selon l'inclinaison. Aucun lacet inverse n'est perceptible. Ceci s'explique, je pense, par le fait que les flapperons étant toujours relevés, le celui qui est à l'interieur du virage est encore plus cabré et freine plus, tandis que celui qui est à l'extérieur du virage se remet plus dans le prolongement du profil et freine moins. C'est un effet secondaire heureux de l'autostabilité obtenue par des flapperons relevés. Bien sur, les virages plus serrés demandent une action à cabrer lorsque l'inclinaison dépasse 30° à peu près si on veut ne pas perdre d'altitude. Et pour changer de direction vraiment vite on incline à 60-70° et on cabre, comme on peut le voir sur une des photos plus haut. L'autre bonne surprise est la finesse et le faible taux de chute d'IXIR III. On sent l'effet de l'augmentation de l'allongement et de l'envergure. Il est toujours difficile de faire des mesures objectives mais à plusieurs reprises, quand la portance était vraiment médiocre, j'ai constaté que les planeurs légers de 2 mètres construits en structure tiennent en l'air mieux que IXIR III comme on peut s'y attendre. Mais j'ai également constaté que lorsque je me posais, faute de portance, ils se posaient en général moins d'une minute plus tard et pas seulement par solidarité ! En revanche, quand le vent commence à souffler un peu sérieusement, IXIR III se montre encore très à l'aise tandis que les planeurs légers en structure ne peuvent plus remonter au vent correctement. Par 20 nœuds de vent IXIR III reste encore maniable à la pente et remonte au vent assez facilement pour faire les S sans difficulté et explorer toute la zone de portance. Je crois que c'est une caractéristique de la plupart des ailes volantes. La maniabilité par très faible vitesse est fantastique grâce à la faible charge alaire et a la corde moyenne très généreuse et le profil très porteur. L'atterrissage se fait par conséquent à très basse vitesse.La très bonne résistance du Dépron aux attérissages plus ou moins doux permet de voler dans des endroits où on n'oserait pas lancer un planeur plus lourd ou plus fragile. J'ai fait des tentatives de montée au sandow mais IXIR III s'est avérée trop instable. Je n'ai pas eu le temps de faire la mise au point de cet aspect des choses. A vous de jouer ! De manière générale la caractéristique dominante de IXIR III est la polyvalence : elle se comporte comme un lancé main qui serait à peine moins fin mais pourrait voler dans des vents beaucoup plus forts.En vol, elle a une allure formidable due à la simplicité de ses forme . Son principal défaut est une construction beaucoup plus compexe que celle d'un foamie plus classique. J'ai voulu voir jusqu'où il est possible d'aller avec le Dépron et je crois que les 1800mm de l'IXIR III sont à peu près la limite de ce type de construction. Au dela le Dépron n'aurait qu'un rôle de revètement ou de peau sur une véritable structure.....qui va la construire celle là ? Si vous vous lancez dans la construction de l'IXIR III, je vous souhaite bonne construction et surtout bons et beaux vols ! Et signalez-le moi par un petit e-mail ! Xavier Filippi